HUMEUR. Ce qui parait le plus frappant dans les nouvelles bulles champagnisées du Web 2.0 généreusement subventionnées par les investisseurs, c’est l’apparition d’un nouveau phénomène éthylique : la gueule de bois avant l’ivresse. Des clameurs d’allégresse dont tous les podcasts blogéifiés se sont fait l’écho des débuts, ne restent finalement qu’un soupçon d’attentisme, un zeste de prudence et une forte dose de comptabilité. On prend les mêmes alambics et on recommence : les startups pochtronnent à nouveau par lampées entières avec les mêmes noms technoïdes sensés incarner la nouveauté et son hermétisme initiatique. Mais cette fois, quelques vieux dégrisés s’aventurent déjà à prédire que 70% d’entres elles ne passeront pas l’hiver. On assiste même à un retour fulgurant des moqueurs avec le glorieux Web 2.0 Bullshit Generator.
Le
casting de cette nouvelle aventure télévirtuelle leur semble-t-il bidon?
Les zélateurs d’hier se transforment maintenant en sémiologues et taxinomistes
pour trouver une définition et dessiner une case afin de faire rentrer l’une
dans l’autre ou inversement. Les colonnes des éditorialistes, les forums, blogs
et autres user-generated/social media s’agitent dans une quête existentielle :
qu’est-ce que le Web 2.0 ? Il est à noter qu’on se ne pose pas encore la
question de savoir à quoi il sert tant que n’émergera pas de réponse unanime à
la question précédente…
Tendance
de fond actuellement, certains bloggeurs osent la synthèse et génèrent autant
de commentaires que de nouvelles propositions. Fichtre ! L’accouchement
est donc difficile. Mais s’agit-il vraiment d’une naissance ? En réalité, on
convoque dans un inventaire clinquant des technologies déjà anciennes qu’on pare de
nouvelles vertus, on théorise des modes d’organisation naturelle de
l’information auxquelles on octroie un statut révolutionnaire et on s’approprie
des fictions au présent en espérant qu’il en reste quelque chose dans un futur
proche…
- Recyclage
obligatoire des Blogs, Wikis et flux RSS dans la sphère 2.0 : Les premiers
sont apparus dès 2001 aux Etats-Unis et les derniers furent inventés par
Netscape il y a plus de 10 ans.
- Permanent
Beta ou SaaS (Software as a Service) : rien d’autre que la mise à jour
permanente d’une application par opposition à l’édition de versions
successives. Notre bon vieux Windows ou le moindre antivirus fait cela depuis
longtemps. C’est donc la fin annoncée du 2.0 et suivants…
- Social
media, plateforme collaborative ou encore user participation : les services
qui permettent à l’utilisateur de créer, gérer, organiser et échanger son
propre contenu pour, au final, générer des communautés et des réseaux. Les
avancées technologiques autorisent effectivement une souplesse et une puissance
inégalée mais n’est-ce pas une évolution naturelle des forums ou, pire encore,
du très ringard Usenet ?
- Mash-ups :
faire du neuf avec de l’ancien en fusionnant des API existantes pour créer un
nouveau service.
- Intelligence
collective : merveilleuse utopie et objet de vastes débats de
conceptualisation dans les milieux du business. Pour l’instant, un service
comme Digg en traduit bien
l’esprit. Les utilisateurs sont autant de rédacteurs en chef qui proposent et
hiérarchisent des articles pour créer une sorte de revue de presse en
perpétuelle évolution. Mais l’opinion est-elle naturellement éclairée? On
connaît malheureusement la réponse. Cette autogestion de l’information qui entretient
un sentiment grisant de libre-arbitre risque d’imposer l’arbitraire comme nouvelle
norme. On peut parier que le métier de journaliste, à la mort prochaine
inlassablement annoncée avec celle des medias traditionnels, retrouvera un rôle
bien plus décisif que le simple intermédiateur d’informations qu’il était du
temps des journaux en papier…
Web
2.0 : quels gains réels peut-on en attendre pour l’entreprise ? (2/3)
Web
2.0 : refondre sa stratégie marketing pour s’adapter aux nouveaux enjeux
commerciaux (3/3)
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Rédigé par : Greg | 18 septembre 2006 à 09:22